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La BPCO, une maladie respiratoire méconnue qui touche 3,5 millions de Français

Publié le: 19 novembre 2025
Franck, patient atteint de BPCO à un stade avancé

BPCO, pour bronchopneumopathie chronique obstructive. Comme deux tiers des Français, vous n’avez peut-être jamais entendu ce nom1. Cette maladie figure pourtant parmi les principales causes de mortalité dans le monde2 et affecte 3,5 millions de personnes dans notre pays3. De quoi s’agit-il exactement ? Pourquoi est-ce important de la diagnostiquer le plus tôt possible ? Faisons le point.

Une maladie respiratoire qui s’installe en silence

La BPCO est une affection respiratoire chronique qui se caractérise par une obstruction progressive et irréversible des voies aériennes, en particulier les bronches. Son mécanisme ? Une inflammation pulmonaire provoque l’épaississement des parois bronchiques, favorise une sécrétion excessive de mucus et réduit l’élasticité des poumons. L’air circule moins bien. Les symptômes s’installent alors progressivement, avec une toux chronique, un essoufflement (dyspnée), des expectorations (crachats), voire une sensation d’oppression thoracique et de la fatigue4. Mais la BPCO se manifeste aussi par des épisodes aigus – les exacerbations -, qui peuvent nécessiter des hospitalisations. Chaque nouvelle crise endommage irréversiblement les voies aériennes et accélère la détérioration de la fonction respiratoire, principale cause de l’essoufflement. 

Le tabac, principal facteur de risque évitable

Dans plus de huit cas sur dix, le tabagisme est à l’origine de la BPCO, qu’il soit actif ou passif, voire d’exposition in utero. Le risque s’accroît avec la durée de l’intoxication tabagique. C’est pourquoi on parle souvent de « bronchite du fumeur », à propos de BPCO, à laquelle peut s’ajouter de l’emphysème - une atteinte irréversible des alvéoles pulmonaires5,6. L’exposition professionnelle à des toxiques ou des irritants, comme la silice ou les moisissures…, représente le second facteur de risque, dans 15 % des cas. Viennent ensuite la pollution de l’air intérieur et extérieur, une fragilité des poumons depuis l’enfance ou l’hérédité.

Des symptômes trop souvent banalisés

Tousser, cracher, être essoufflé : ces manifestations d’alerte passent souvent pour des signaux logiques du tabagisme chez les fumeurs. Et pendant que les symptômes sont banalisés, la BPCO avance. Son évolution s’étire sur des mois, voire des années. Conséquence ? Plus de deux tiers des malades ne sont pas diagnostiqués7. Pourtant, 94 % des patients atteints de BPCO déclarent que leur vie est impactée par la maladie1, et près de 20 000 personnes en meurent chaque année en France3. C’est un véritable enjeu de santé publique ! 

Le tribut psychologique est aussi bien réel, avec un tiers des malades qui vit avec de l’anxiété, un quart avec une dépression ou encore un sentiment d’exclusion1. S’y ajoute le coût économique important de la BPCO. Trente-trois pour cent des patients atteints ont ainsi dû changer d’emploi ou cesser de travailler8. Selon la Cour des comptes, un diagnostic plus précoce et une prise en charge adaptée permettrait d’économiser jusqu’à 100 millions d’euros par an9.

Un diagnostic par un test simple : la spirométrie

La spirométrie est le seul moyen de repérer une obstruction bronchique. Ce test simple et indolore consiste à expirer à travers un embout buccal relié à un dispositif de mesure, pour évaluer les volumes pulmonaires et les débits bronchiques du patient. Le médecin obtient alors un indicateur précieux de la gravité de la maladie : le VEMS, le volume maximal expiratoire en 1 seconde. Selon le niveau, la BPCO est classée selon quatre stades : léger (VEMS supérieur ou égal à 80%), modéré (entre 50 et 80%), sévère (30 et 50%) et très sévère (inférieur à 30%)3,4. Contrairement à une idée reçue, cet examen n’est pas réservé aux pneumologues. Il peut être réalisé chez son médecin traitant. Et à partir de janvier 2026, il entre dans la cotation des actes appliquée par l’Assurance Maladie pour faciliter sa prise en charge par les généralistes3.

Une prise en charge précoce pour préserver sa qualité de vie

Plus le diagnostic est posé tôt, plus la prise en charge est efficace, avec un impact sur la qualité et l’espérance de vie. S’il n’existe aujourd’hui aucun traitement pour guérir la BPCO, la maladie peut se maîtriser pour éviter les crises (exacerbations) et réduire les risques d’hospitalisations. Pour mieux la gérer et freiner son évolution, un changement de mode de vie s’impose. L’arrêt du tabac est indispensable, comme un suivi médical régulier, le maintien d’une activité physique adaptée et d’un équilibre alimentaire, l’amélioration de la ventilation du domicile… La vaccination contre la grippe et le Covid-19 ne doit pas être négligée. Ces modifications améliorent nettement la qualité de vie des malades sur le long terme10.

Et du côté de la recherche ?

La recherche progresse aussi. Les scientifiques s’intéressent en particulier à l’origine et aux mécanismes inflammatoires qui déclenchent la BPCO ainsi que le rôle de l’environnement dans son apparition11. 
Les progrès actuels visent à aller au-delà de l’inflammation chronique des bronches et à analyser « l’exposome », en d’autres termes l’ensemble des expositions environnementales auxquelles nous sommes confrontés tout au long de la vie, à travers notre alimentation, l’air que nous respirons, nos comportements, notre environnement sonore, psychoaffectif ou encore socioéconomique11. Comme notre génome, l’exposome influence notre santé. Mieux le comprendre permet de mieux la préserver12.  

Encore trop méconnue, la BPCO n’est pas une fatalité liée au tabac. C’est une maladie chronique qui avance à petits pas, détériore les poumons et bouleverse des vies. La reconnaître au plus tôt, c’est pour beaucoup de patients la possibilité d’une meilleure prise en charge, avec à la clé, une meilleure qualité de vie à long terme.

Vivre avec une BPCO : en savoir +

Références

  1.  Enquête BVA Xsight pour Sanofi. Les Français, les maladies respiratoires et la BPCO : entre urgence sanitaire, inquiétude et méconnaissance. 2024. Disponible en ligne sur  https://www.sanofi.fr/fr/media/communiques-et-dossiers-de-presse/2024/les-francais-les-maladies-respiratoires-et-la-bpco-entre-urgence-sanitaire-inquietude-et-meconnaissance [consulté le 20/11/2025], mis à jour le 20/11/2024

  2. OMS. Bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO). Disponible en ligne sur : https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/chronic-obstructive-pulmonary-disease-(copd) [consulté le 27/10/2025], mis à jour le 06/11/2024

  3. L’Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (INSERM). Broncho-pneumopathie Chronique obstructive (BPCO). Disponible en ligne sur : https://www.inserm.fr/dossier/bronchopneumopathie-chronique-obstructive-bpco/ [consulté le 27/10/2025], mis à jour le 19/06/2020

  4. GOLD. Global Initiative for Chronic Obstructive Lung Disease. Global strategy for the Diagnosis, Management, and Prevention for Chronic Obstructive Pulmonary Disease. 2025 report. Disponible en ligne [consulté le 20/10/2025]

  5. Suissa S, Dell’aniello S, Ernst P. Long-term natural history of chronic obstructive pulmonary disease: severe exacerbations and mortality. Thorax. 2012;67(11):957-963.

  6. AMELI. Comprendre la BPCO ou bronchopneumopathie chronique obstructive. Disponible en ligne sur https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/bpco-bronchite-chronique/comprendre-bpco [consulté le 20/11/2025], mis à jour 05/11/2025

  7. HAS. BPCO : diagnostic et prise en charge. Disponible en ligne sur : https://www.has-sante.fr/jcms/p_3115145/fr/bpco-diagnostic-et-prise-en-charge [consulté le 27/10/2025]

  8. Association Santé Respiratoire France. Avoir une BPCO et travailler. Disponible en ligne sur : https://sante-respiratoire.com/avoir-une-bpco-et-travailler/ [consulté le 21/11/2025], mis à jour le 14/05/2018

  9. Cour des Comptes. Rapport sur la santé respiratoire. Disponible en ligne sur https://ccomptes.fr/fr/publications/la-sante-respiratoire [consulté le 20/11/2025], mis à jour le 15/05/2024

  10. HAS. Guide du parcours de soins Broncho-pneumopathie chronique obstructive. 2019.Disponible en ligne sur app_323_guide_bpco_actu_2019_vf.pdf [consulté le 20/11/2025]

  11. Institut Pasteur de Lille. BPCO : symptômes, causes, traitements et recherches en cours. Disponible sur https://pasteur-lille.fr/actualites/dossiers/bronchopneumopathie-chronique-obstructive/ [consulté le 20/11/2025], mis à jour en novembre 2024

  12. Association Santé Respiratoire France. Santé respiratoire : quels impacts de l’environnement ? Disponible en ligne sur https://sante-respiratoire.com/wp-content/uploads/2021/10/SR_DOSSIER-DE-PRESSE-12102021.pdf [consulté le 20/11/2025], mis à jour le 15/10/2021