Vivre avec une greffe d'organes et faire face aux défis du rejet de greffe

La greffe ou transplantation d’organe permet de sauver des vies ou d’en améliorer la qualité. Cependant, les patients peuvent être confrontés à des réactions immunitaires : le rejet de greffe en transplantation d'organe ou de tissus ou la réaction du greffon contre l'hôte (GVHD), dans le cas d'une greffe de moelle osseuse.

Qu’est-ce qu’une greffe ?

La greffe ou transplantation est une intervention qui consiste à substituer un organe ou un tissu malade, par un greffon ou transplant sain. Elle permet au patient de gagner en espérance de vie ou au moins d’avoir une meilleure qualité de vie.

Il existe plusieurs types de greffes :

  •  La greffe d’organe solide : c’est une intervention chirurgicale qui consiste à implanter à un receveur, tout ou partie d’un organe ou un tissu d’un donneur. La greffe la plus fréquente est celle d’un rein, puis celle du foie, du cœur et des poumons.
  • La greffe de cellules souches hématopoïétiques (ou « greffe de moelle osseuse) : le greffon peut provenir de la moelle osseuse, du sang périphérique ou du sang de cordon ombilical. Selon le type de donneur, on parle d’autogreffe, quand donneur et receveur sont une même personne, ou d’allogreffe quand il s’agit de deux individus distincts. En allogreffe, le donneur est recherché dans la famille (greffe apparentée) ou si aucun membre de la famille n’est compatible, sur le registre des donneurs volontaires de moelle (greffe non apparentée).

Le don sauve des vies

En 2023, 5 634 greffes ont été réalisées, dont 577 à partir de donneurs vivants1. Plusieurs organes peuvent être prélevés sur chaque donneur et permettre en moyenne près de quatre greffes distinctes : chaque don est précieux. L’organe le plus souvent greffé est le rein (3525 greffes), puis le foie (1343), le cœur (384), les poumons (298) et le pancréas (74)1. Cependant, en 2023, 823 patients en liste d’attente sont décédés, faute de greffons. Au 1er janvier 2024, 21 866 personnes sont en attente de greffes1.

Le décret du 1er janvier 2017 a réaffirmé le concept de « consentement présumé » et a simplifié les démarches pour faire valoir de son vivant, son refus du don d'organe. Il est donc important de se positionner de son vivant et partager sa position face au don d’organe auprès de son entourage, ses proches ou avec une personne de confiance. Malgré tout, avant tout prélèvement, la famille est systématiquement consultée. En 2023, le taux de refus est de 36,1%1.

« Le don d’organes, posez-vous la question tant qu’il n’en est pas question »

Découvrez le témoignage de Florence, maman de la jeune Alice, décédée tragiquement dans un accident d’équitation. Grâce au don de ses organes, Alice a pu sauver la vie de 6 personnes en attente d’une greffe.

Découvrez les témoignages de Marie-Laure, d'Alix et de Marie et Evelyne

Des besoins non satisfaits dans la prise en charge de la greffe

La greffe est une avancée médicale et scientifique qui sauve des vies2. Malgré tout, une greffe d’organe ou de cellules souches peut engendrer une réaction immunitaire qui impacte la qualité de vie des receveurs.

  • Après une greffe d’organe ou de tissus, les lymphocytes du receveur peuvent reconnaitre le greffon comme étranger et l’attaquer.
  • Après une greffe de moelle, les lymphocytes issus de la moelle du donneur, peuvent considérer le receveur comme un étranger et attaquer   les tissus et les organes de l’hôte3,4.

Ces réactions immunitaires influencent les résultats   de la greffe, et peuvent entrainer le décès5. Ainsi, malgré les options thérapeutiques actuelles, un besoin médical persiste pour les patients transplantés. Il y a donc un besoin urgent de nouvelles solutions pour soutenir les patients tout au long de leur parcours de greffe.

Le rejet de greffe d’organe ou de tissu

Après une greffe, le système immunitaire du receveur tend inévitablement à détruire le greffon, le reconnaissant comme étranger à l'organisme. Avec d'autant plus d’aggressivité que les groupes tissulaires du donneur et du receveur sont éloignés. Le rejet aigu, qui survient dans les minutes ou les jours suivant la greffe, est aujourd'hui limité grâce à l'examen préalable de la compatibilité tissulaire du donneur et du receveur et la recherche d’anticorps pré-existants. 

A l’inverse,  les médecins restent désarmés pour face au rejet chronique. Ce rejet chronique survient lorsque le système immunitaire du receveur attaque lentement et progressivement le greffon. Au fil des années, les organes ou tissus greffés subissent des lésions et perdent progressivement leur fonctionnalité. Cela peut se produire même si le patient a initialement bien toléré la greffe. 

L’objectif est donc de diminuer les réactions immunitaires du patient transplanté, pour éviter que ses cellules n’attaquent le greffon. Le traitement anti-rejet (ou immunosuppresseurs) vise à combattre les phénomènes de rejet suivant une greffe, et doit être maintenu tout au long de la vie de la greffe. Si ce traitement permet en général de contrôler la réaction de rejet, il n’est cependant pas sans conséquences, puisqu’il diminue les défenses de l’organisme vis-à-vis des infections et rend donc les personnes transplantées plus vulnérables. 

L’intelligence artificielle au service de la personnalisation du suivi : l’exemple de la greffe rénale

Alors que 20 % des patients perdent leur greffe au bout de 5 ans, le suivi post-transplantation constitue un vrai enjeu de santé publique. Pour mieux comprendre et évaluer le risque individuel de rejet après une transplantation rénale pour adapter le suivi des patients, l’intelligence artificielle offre de nouveaux espoirs. 

Le nombre de facteurs pouvant expliquer le rejet d’un rein greffé est trop important pour qu’un médecin puisse les analyser et en tirer des indications thérapeutiques. Les recherches en transplantation s’intéressent d’ailleurs à une ou deux variables à la fois, pas plus. Or, prises individuellement, elles ne permettent pas d’établir des corrélations fortes. En revanche, la combinaison de plusieurs facteurs donne des résultats fiables, grâce à l’utilisation de l’intelligence artificielle via des algorithmes. Certains d’entre eux peuvent ainsi calculer les probabilités de survie d’un greffon à 3, 5, 7 et 10 ans, en indiquant un niveau de certitude de la prédiction réalisée, voire de prédire la réponse d’un patient à un traitement anti-rejet. Une vraie aide à la décision, en éclairant au mieux le choix des professionnels de santé qui peuvent ainsi savoir si un changement thérapeutique induit une réponse positive ou négative sur le long terme.

Aujourd’hui, cela a permis de développer des interfaces patient-médecin destinées à être utilisées comme un outil de télésurveillance après une transplantation rénale. Il se positionne comme un canal privilégié de communication entre le patient et le clinicien, en fournissant un système d’alertes personnalisables.

Fiers d’être le partenaire de…

Trans-Forme est l'Association Fédérative Française des Sportifs Transplantés et Dialysés. Chez Trans-Forme, on court, on nage, on saute, on skie, … car les bienfaits de l'activité physique et sportive sont essentiels dans la réussite de la transplantation.

Créée en 2006, ellye est une association de patients et de proches concernés par un lymphome, la leucémie lymphoïde chronique ou la maladie de Waldenström

Depuis 2002, l'association Laurette Fugain œuvre avec énergie et détermination auprès de tous ceux qui s'engagent contre les leucémies et toute forme de cancer ...

Références

  1. Agence de la Biomédecine : Activité de prélèvement et de greffes d’organes en 2023 et baromètre d’opinion 2024
  2. Organisation mondiale de la Santé. Transplantation. [Dernière consultation en mai 2023]
  3. Plat JL. Modification génétique des xénogreffes. Curr Top Microbiol Immunol. 2003 ;278 :1-21. https://doi.org/10.1007/978-3-642-55541-1_1
  4. Vaillant, AA., Modi, P., Mohammadi, O. Graft versus Host Disease. [Dernière consultation en mai 2023]
  5. DeFilipp, Z., Alousi, A. M., et al. Mortalité sans rechute chez les patients ayant reçu un diagnostic de MGCH chronique : une analyse mise à jour du Consortium sur la MGCH chronique. Avances sanguines, 5(20), 4278–4284. https://doi.org/10.1182/bloodadvances.2021004941