La chimie, au cœur de notre avenir industriel

Publié le: 14 septembre 2023
Contrairement aux idées reçues, la chimie demeure indispensable à la production de traitements innovants et de molécules essentielles déjà sur le marché. L’essor de procédés biotechnologiques dans les années 2000 a jeté le doute sur l’avenir de la chimie pharmaceutique. La chimie n’a pourtant pas disparu. Chez nous, elle conserve une place centrale dans notre stratégie industrielle. Nous investissons massivement pour rendre cette activité plus performante, réduire son empreinte environnementale et la préparer aux évolutions à venir. Explications avec Denis Largeau, Directeur du site d’Aramon et Martial Etienne, Directeur du site de Sisteron.

La chimie a de l’avenir devant elle !

Les 30 dernières années ont vu se développer les biotechnologies, des procédés de fabrication de médicaments et vaccins innovants, basés sur le vivant. « On pourrait, dans l’absolu, découvrir des procédés biotechnologiques pour répondre à tous les besoins », assure Martial Étienne. « Toutefois, ces procédés sont complexes à développer et surtout à industrialiser. De plus, certaines molécules de synthèse sont à la fois indispensables en Europe et en demande croissante dans les pays asiatiques. »   

La chimie pharmaceutique, qui consiste à imiter des molécules naturelles, a donc encore beaucoup à apporter pour soigner les patients. La moitié des médicaments en développement dans le monde sont des petites molécules de synthèse, dont certaines sont les principes actifs de médicaments listés comme « essentiels » par les autorités.   

Le modèle de la chimie pharmaceutique se trouve néanmoins bouleversé : « Auparavant, on cherchait à produire des médicaments innovants pour soigner tout le monde, et on dimensionnait les usines en conséquence. Ce modèle est en fin de vie. On tient aujourd’hui mieux compte de la spécificité de chaque patient, en particulier grâce à la découverte de biomarqueurs génétiques des pathologies. Ce qui implique des thérapies plus individualisées avec des molécules plus actives. » Des thérapies produites grâce à des procédés chimiques, biologiques ou hybrides. D’ailleurs, ces procédés hybrides, qui associent la biotech et la chimie, pourraient bien révolutionner les traitements antirejet administrés en cas de greffe et permettre le développement des thérapies à ARN messagers

La nécessaire adaptation de notre outil industriel

Les activités chimiques ont, comme beaucoup d’industries, connu une vague de délocalisation, vers la Chine principalement. Cette délocalisation complexifie et allonge les cycles de mise sur le marché des nouveaux médicaments, à rebours du besoin d’agilité et de souveraineté sanitaire.  

A l’inverse de cette tendance, nous avons conservé notre outil de production en France, tout en prenant le virage des technologies et de la chimie de demain. Pour continuer d’innover, nous avons adapté et modernisé notre outil industriel, en constituant une plateforme technologique de chimie qui mutualise les moyens des sites de Sisteron (Alpes-de-Haute-Provence), d’Aramon (Gard) et de Mourenx (Pyrénées-Atlantiques). « Concrètement, en réunissant les moyens humains, les compétences et les installations des trois sites, on peut produire tout ce qu’il est possible de produire avec la chimie aujourd’hui… Y compris en associant des procédés chimiques et biotechnologiques sur le site d’Aramon », indique Denis Largeau.  

Nous avons également investi 60 millions d’euros pour construire l’Unité de Lancement de Petits Volumes (UPLV) sur le site de Sisteron. Inaugurée en septembre 2023, cette unité de production, hyper agile, va permettre de produire les premiers lots commerciaux des petites molécules de synthèse, pour les lancer très rapidement sur le marché. Avoir l’ULPV sur le site de Sisteron est un gage de réactivité, du fait de la proximité des équipes de recherche qui sont sur place : le transfert entre la recherche et l’industriel est fluide, avec des procédés qui sont sans cesse optimisés pour être plus performants et plus agiles, avec une empreinte environnementale la plus faible possible.  

Découvrez l'Unité de Lancement Petits Volumes à Sisteron

1 médicament sur 2 en recherche dans le monde est une molécule de synthèse chimique. François Deroux, Responsable Stratégie Chimie chez Sanofi, nous explique comment nous investissons pour rendre cette activité plus performante, plus agile et plus verte. 

Maîtriser la chaine de valeur, de la chimie au médicament

En complément de la constitution de la plateforme technologique de chimie, dont l’UPLV constitue la figure de proue, notre activité chimie s’intègre au sein d’un cluster « New Product Launch » (NPL) pour conserver la maîtrise complète de la chaîne de valeur, de la fabrication des principe actifs jusqu’à la mise sous forme pharmaceutique. Le NPL associe ainsi aux sites de Chimie de Sisteron, Aramon et Mourenx les sites de production pharmaceutique d’Ambarès, Tours, Amilly, Scoppito (Italie) et Riells (Espagne), d’où sont ensuite expédiés les produits de santé dans le monde entier. 

La constitution de ce pôle d’excellence en science chimique est un gage de maitrise et de sécurité pour l’approvisionnement des molécules. « Le site de Sisteron dispose du pilote de développement des procédés en chimie de Sanofi qui produit les premiers lots nécessaires aux essais cliniques », explique Martial Etienne. « Cette unité pilote peut assurer le transfert des nouvelles petites molécules à l’ULPV pour la production de lancement, puis la production en plus gros volume est assurée par le site de Sisteron ou d’Aramon. »  

D'ici 2025, pas moins de cinq principes actifs seront lancés si les essais cliniques s’avèrent concluants. Des petites molécules de synthèse innovantes qui cibleront notamment les cancers, les maladies immuno-inflammatoires, la sclérose en plaques et les maladies rares.  

Vers une chimie pharmaceutique plus verte et en « flux continu »

Sur nos sites de Sisteron et d’Aramon, la réduction de l’empreinte environnementale de l’activité chimique est une préoccupation majeure depuis plusieurs années. Elle fait l’objet de nombreux investissements : « La chimie d’hier, c’était 5 % de principes actifs pour 95 % de déchets. Heureusement, il est possible de faire beaucoup mieux. Nous travaillons sur nos sites à la réduction maximale et à la valorisation des déchets, les solvants en particulier, à la réduction de la consommation énergétique (- 50 % pour le gaz) et au basculement des énergies fossiles vers les énergies vertes (30 et 50 % d’autoconsommation à l’horizon 2026 grâce à des parcs photovoltaïques sur nos sites) » .  

« En 15 ans, nous avons réduit la consommation en eau de 75 %. Sur le site d’Aramon, les eaux usées sont traitées sur place, grâce à une station d’épuration dont la taille est comparable à celle d’une ville de 200 000 habitants. Les boues résiduelles sont centrifugées et séchées pour éviter leur évacuation par des camions. Nous filtrons également les fumées issues de la combustion des solvants usés et récupérons la chaleur produite. » Chaque aspect du procédé de fabrication est optimisé. « Ce qui est essentiel pour la planète, comme pour la compétitivité de nos sites et leur acceptation par les riverains », concluent les deux directeurs de site. 

La prochaine révolution technologique, la chimie de flux, ou « en flux continu », accélérera cette transition vers une chimie plus verte : « Grâce à l’utilisation de mini-réacteurs et à la micro-fluidique, la chimie de demain sera plus économe en échanges thermiques et en utilisation de solvant », explique Denis Largeau. 

D’ailleurs, la France, qui possède une filière universitaire de haut niveau en chimie, est le pays idéal pour développer un pôle d’excellence, doté des meilleurs outils industriels : « Faire de la chimie en France pour produire des molécules essentielles et innovantes de manière compétitive et respectueuse de la planète, non seulement c’est possible, mais cela doit redevenir une fierté ! »