Grippe : un risque méconnu de complications cardiovasculaires

Publié le: 20 décembre 2021
Fièvre, toux, nez qui coule…. La grippe nous donne à tous l’image d’une maladie respiratoire, plus fatigante qu’un simple rhume. Mais saviez-vous qu’elle multiplie aussi le risque d’infarctus du myocarde ou d’accident vasculaire cérébral (AVC) ?  

De récentes études ont permis de mieux comprendre comment la grippe affecte le système cardiovasculaire et mettent en lumière l’importance de la vaccination chez les personnes à risque de grippe sévère ou compliquée. 

Les maladies cardiovasculaires comprennent les maladies du cœur et les maladies des artères menant au cœur (coronaires), au cerveau (carotides) et aux membres. Ainsi que le suggère l’adage « on a l’âge de ses artères », le risque de souffrir d’une maladie cardiovasculaire s’accroît avec l’âge et notamment à partir de 40 ans1. Le mécanisme le plus fréquemment en cause est l’athérosclérose, une inflammation des vaisseaux induisant la formation sur la paroi interne des artères de plaques d’athérome, et de dépôts de graisse. En réduisant le débit sanguin et en induisant la formation de caillots, l’athérosclérose peut mener à de nombreuses complications telles que l’infarctus du myocarde, l’accident vasculaire cérébral (AVC) ou l’insuffisance cardiaque. L’hypertension artérielle, l’excès de cholestérol, le tabagisme, l’obésité et le diabète ont également un effet délétère sur le système cardiovasculaire et favorisent l’athérosclérose : les personnes atteintes sont à risque cardiovasculaire2

La grippe : des conséquences sur le système cardiovasculaire

De retour chaque hiver en France, la grippe est une maladie principalement respiratoire, mais elle met aussi le système cardiovasculaire à rude épreuve. En effet, l’infection par le virus influenza et la puissante réaction qu’engage le système immunitaire pour la combattre entraînent des réactions biologiques en cascade, potentiellement agressives pour le système cardiovasculaire3

Ces réactions induisent notamment la libération massive de substances inflammatoires qui peuvent fragiliser les vaisseaux et favoriser la rupture des plaques d’athérome. Elles engendrent également une augmentation de la coagulabilité du sang. Malheureusement, cette « hypercoagulabilité » favorise la formation de caillots. 

L’infection grippale provoque par ailleurs des réactions immunitaires en cascade qui ont des conséquences sur l’ensemble des organes. Le rythme cardiaque augmente, nécessitant un apport supplémentaire en oxygène. Le cœur est alors sur-sollicité et peut se fatiguer. 

L’infection par le virus influenza et la puissante réaction qu’engage le système immunitaire pour la combattre entraînent des réactions biologiques en cascade, potentiellement agressives pour le système cardiovasculaire.

La vaccination grippale pour diminuer le risque de complications chez les personnes à risque de grippe sévère ou compliquée

Tous ces phénomènes peuvent concourir à l’aggravation d’une maladie cardiovasculaire existante, au développement d’une insuffisance cardiaque ou à la survenue d’un accident aigu4,5. Ainsi, il a été démontré dans une étude menée sur des patients âgés de 40 ans et plus, qu’après une grippe, le risque d’AVC est multiplié par 8 (dans les 28 jours suivants) et le risque d’infarctus du myocarde est multiplié jusqu’à 10 (dans les 7 jours suivants)4. De plus, une augmentation d’environ 20% des hospitalisations pour insuffisance cardiaque est associée à la grippe6

Pour diminuer le risque de grippe et ses complications en particulier cardiovasculaires, la vaccination grippale, en complément des mesures barrières, est recommandée chaque année par les Autorités de santé françaises pour les personnes âgées de 65 ans et plus, les personnes atteintes de maladies chroniques, dont les maladies cardiovasculaires, les personnes obèses et les femmes enceintes (cf. calendrier vaccinal). 

Actuellement, moins d’1 personne concernée sur 2 se fait vacciner7. Cette couverture vaccinale reste insuffisante et très éloignée de l’objectif de 75% fixé par l’Organisation Mondiale de la Santé pour les personnes à risque8

Références

  1.  Fédération Française de Cardiologie : Maladie des artères, changer leur évolution, 2019 

  1.  Site Web du Ministère des Solidarités et de la Santé, Maladies cardiovasculaires (MAJ 14/05/19) 

  1.  Niroshan Siriwardena, A. (2012) Increasing Evidence That Influenza Is a Trigger for Cardiovascular Disease, The Journal of Infectious Diseases, 206(11):1636–1638 

  1.  Warren-Gash C et al.: Laboratory-confirmed respiratory infections as triggers for acute myocardial infarction and stroke: a self-controlled case series analysis of national linked datasets from Scotland. European Respiratory Journal (2018) 51: 1701794. 

  1.  Vardeny O, Solomon SD: Influenza and heart failure: a catchy comorbid combination. JACC: Heart Failure. Vol. 7, Issue 2, Feb 2019, pp. 118-120. 

  1.  Kytömaa S, Hegde S, Claggett B et al. Association of Influenza-like Illness Activity With Hospitalizations for Heart Failure: The Atherosclerosis Risk in Communities Study. JAMA Cardiol. 2019;4(4), pp. 363–369. 

  1.  Site Web de la Haute Autorité de Santé, Avis n°2020.0034/AC/SEESP du 20 mai 2020 du collège de la Haute Autorité de santé relatif au maintien de la campagne de vaccination contre la grippe saisonnière 2020/2021 dans le contexte de l’épidémie de Covid-19 en France - dernière consultation le 9/10/2020 

  1.  Site Web de la Haute Autorité de Santé, Vaccination antigrippale : la stratégie de la prochaine campagne annuelle réaffirmée dans le contexte de l’épidémie de Covid-19 - dernière consultation le 9/10/202