Agir pour plus d’égalité en matière de santé

Publié le: 11 décembre 2024
Les quatre intervenants de la table ronde consacrée aux inégalités en matière de santé sont assis côte-à-côte avec l’animatrice de la table ronde sur le côté de la scène.Table ronde sur « Inégalités et sous-représentation en matière de santé » avec (de gauche à droite) : Christina Balanos, Simon Jutant, Christelle Foucault, Pr Xavier Bobbia et Agnès Bourdon Busin. ©Achraf Bendaoud
Le 25 novembre, nous avons organisé une rencontre « Un Million de Conversations », en partenariat avec l’UNESCO et APF France Handicap. Associations, acteurs engagés, professionnels de santé, représentants d'institutions, chercheurs… Nous étions rassemblés pour échanger et poser les premiers jalons d’un parcours de santé plus inclusif de toutes et tous. Explications.

« Un Million de Conversations » : pour un parcours de santé plus inclusif

Nous ne sommes pas tous égaux en matière de parcours de santé. C’est ce que notre enquête a révélé dès 2022 : les personnes sous-représentées, stéréotypées ou discriminées issues des minorités ont plus de risques d’avoir eu au moins une expérience négative dans leur parcours de santé. Résultat : un manque de confiance et des parcours de santé parfois chaotiques.

Lancée en 2023, l’initiative « Un Million de Conversations » vise à renforcer la confiance de ces personnes envers le monde de la santé. Plus particulièrement les femmes, les personnes en situation de handicap, les personnes d’ethnies non majoritaires et celles qui s’identifient comme LGBTQ+.

C’est dans ce cadre que nous avons organisé, avec l’UNESCO et APF France Handicap, la première rencontre « Un Million de Conversations », le 25 novembre. Au programme :  des témoignages et des partages d’expériences pour aller vers un parcours de santé plus inclusif de toutes et tous.

Des biais liés au genre et à l’ethnie vecteurs d’inégalités dans les soins

Xavier Bobbia, Professeur de médecine d'urgence à la faculté de médecine Montpellier-Nîmes a présenté une étude1 menée auprès de plus de 1 500 hospitaliers (médecins urgentistes, résidents et infirmiers).  Les résultats montrent que l’apparence de genre et d’ethnie d’un patient influence les décisions de triage dans les services d’urgence. Ainsi, pour un même cas clinique de douleur thoracique, 62% des patients masculins sont évalués comme des urgences vitales contre 49% pour les patientes. Et 58% des patients blancs sont classés en urgence vitale contre 47% des patients noirs.  Des résultats troublants qui illustrent des inégalités de traitement en fonction de critères qui n’ont aucune base médicale.

Renforcer l’écoute

Laurent avait une douleur persistante et saignait tout le temps du nez. Son médecin traitant ne l’a pas pris au sérieux. Aujourd’hui, son quotidien et celui de sa famille sont bouleversés.

Un parcours de soins inadapté aux personnes en situation de handicap

Avec 1,3 milliard de personnes concernées dans le monde, les personnes en situation de handicap, visible ou invisible, restent les moins bien prises en charge tant par le manque d’accessibilité aux soins que par le manque de communication, comme en témoigne Agnès Bourdon Busin, membre du conseil d’administration d’APF France Handicap.

Ces difficultés dans le parcours de soins sont différentes selon le type de handicap. Pour les personnes en fauteuil roulant, les cabinets médicaux sont souvent inadaptés, avec des salles d’examen exiguës et des équipements non réglables. Les personnes avec des déficiences sensorielles, intellectuelles ou des troubles de la communication ont besoin d’explications adaptées, mais les professionnels de santé utilisent souvent un langage trop technique. Enfin, pour les personnes atteintes de troubles du spectre de l’autisme, le parcours de soins est encore plus délicat, notamment en raison du manque de consultations d’habituation aux soins (« consultations blanches ») où le praticien prend le temps d’expliquer chaque étape du soin en détails, pour préparer le patient et diminuer son stress.

Sensibiliser au handicap invisible

Camille vit depuis des années avec des douleurs chroniques et a souvent été confrontée à l’incompréhension de ses proches et des médecins. Pour y remédier, elle a créé une association et une exposition itinérante afin de lever le voile sur les handicaps.

Un parcours de soins discriminant pour les personnes trans

Le parcours de soins des personnes trans reste difficile, malgré des évolutions positives. La stigmatisation, le refus de prise en charge ou la négation de leur identité sont autant de violences à leur encontre, avec un impact direct sur leur santé physique et mentale, comme l’explique Simon Jutant, ancien co-directeur et membre de l’association Acceptess-T. Ces attitudes et discriminations dissuadent les personnes trans de consulter, jusqu’à ce qu’une urgence se présente, avec des conséquences dramatiques sur leur santé.

Sensibiliser aux transidentités

Anaïs est Directrice de l’association OUTrans qui vient en aide aux personnes trans. Cette association œuvre notamment pour que la médecine générale et toutes les médecines soient inclusives des personnes trans.

Former les professionnels de santé pour un parcours de santé plus inclusif

Face aux biais inconscients, la formation des professionnels de santé semble essentielle et pourrait contribuer à corriger les biais culturels observés.

De même, pour améliorer le parcours de soins des personnes en situation de handicap, au-delà de l'accessibilité universelle, il est essentiel de renforcer la formation des soignants aux handicaps dans toute leur diversité, en les équipant d’outils de communication adaptés. En parallèle, pour faciliter le parcours des patients, APF France Handicap a édité un  annuaire de l'accessibilité des cabinets médicaux et paramédicaux qui permet un accès rapide et géolocalisé à l'offre de soins pour les personnes en situation de handicap ou ayant des besoins spécifiques (obésité, perte d'autonomie, barrière linguistique).

Pour les personnes trans, le principal défi est aussi de former les professionnels de santé, qui se sentent souvent incompétents et redirigent ces patients vers des spécialistes, y compris pour des soins basiques. En ce sens, les associations jouent un rôle clé dans la formation des professionnels de santé, avec des formations courtes qui permettent aux soignants de comprendre les bases de la transidentité et les besoins spécifiques des personnes trans.

Renforcer la confiance et l’inclusion de toutes les communautés sous-représentées dans le parcours de santé ne sera ni rapide ni facile. Mais, avec Un Million de Conversations, nous pouvons contribuer à avancer ensemble vers un monde plus ouvert et inclusif.

Un million de conversations : Restaurer la confiance dans les soins de santé

En déployant notre expertise, nos réseaux mondiaux et un investissement de 50 millions d’euros, nous donnons aux personnes issues de communautés marginalisées les moyens de s’adresser directement au secteur de la santé. Parce qu’il est temps que nous écoutions tous.

Mieux accueillir les personnes en situation de handicap

Sanofi et APF France Handicap ont co-conçu une brochure informative destinée aux professionnels de santé. Objectif : fournir des recommandations simples et concrètes pour une prise en charge adaptée des personnes en situation de handicap.