Dans le sport comme dans les entreprises, à titre individuel comme à titre collectif, sur le plan économique ou psychologique, le handicap est une force. Si on ne devait retenir qu’une chose de la matinée de conférences que Sanofi a consacrée au handicap le 19 novembre, ce serait celle-là. Une matinée pour changer de regard, à l’occasion de la Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées. S’y sont succédé, des sportifs de haut niveau, le professeur Jean-Michel Oughourlian et trois chefs d’entreprise engagés, dont Guillaume Leroy, Président de Sanofi France. Avec, en clôture, la remise des prix de l’appel à projets handicap qui fêtait ses 10 ans.
Le sport en guise d’exemple
Qui mieux qu’un athlète, aux résultats reconnus dans le monde entier, malgré son handicap, peut témoigner du fait que la différence peut être une chance ? C’est le cas d’Arnaud Assoumani, champion paralympique de saut en longueur, médaillé à tous les jeux depuis 2008. Un athlète qui voulait voler, et qui y est arrivé à coups de records du monde. « Pour moi, ça a été une chance de naitre différent (sans avant-bras gauche). Car j’en ai fait une force, comme de toutes mes blessures et de mes échecs dont j’ai appris bien plus que de mes victoires. J’aurai pu abandonner des dizaines de fois mais j’ai toujours voulu aller plus loin, plus fort. Pas seulement pour récolter des médailles mais pour changer de regard sur le handicap ». Cette résilience et cette quête de sens, au-delà de la performance sont au cœur de ses succès.
Même énergie pour Benoit Séchet, collaborateur de Sanofi et escrimeur international, malgré sa maladie orpheline qui le contraint à combattre en fauteuil. « Avec ce que j’ai, il aurait été facile de dire que c’était foutu. L’école, c’était compliqué et l’université, encore pire. J’ai pourtant fait aussi bien des études que du sport car on m’a aidé à aller jusqu’au bout des choses, quel qu’en soit le prix. Mais aussi parce que j’ai appris à profiter du moment présent, sans cristalliser mes peurs. D’un naturel plutôt calme, voire introverti, je me transforme en guerrier lorsque j’entre en piste. Je suis tellement concentré que j’hurle à chaque touche ». Tous deux concluent que ces valeurs de persévérance et d’esprit d’équipe sont aussi à mettre en œuvre à côté du sport. Ils rejoignent ainsi dans leur combat l'athlète handisport Marie-Amélie Le Fur, présidente du Comité paralympique qui appelle à changer de regard sur le handicap.
De gauche à droite : Benoît Séchet et Arnaud Assoumani
Le travail qui guérit
Aujourd'hui, 500 000 travailleurs handicapés sont au chômage et seulement 3,4 % d’handicapés travaillent en entreprises (Sanofi en emploie près de 5 %). Les intégrer dans nos entreprises constitue pourtant un formidable levier de créativité et de transformation managériale, comme en témoigne le professeur Jean-Michel Oughourlian, docteur en psychiatrie et auteur du livre « Le travail qui guérit ». « Les handicapés psychiques qui travaillent dans des usines apprenantes y sont infiniment mieux qu’à l’hôpital et ce, avec le même traitement », déduit-il des observations qu’il a faites au sein de la Fondation AMIPI Bernard Vendre. « Parce qu’ils sont en action, parce qu’ils apprennent les uns des autres mais sans être en compétition, et parce que le travail donne un sens à leur vie, explique-t-il. D’ailleurs quand on leur propose d’arrêter de travailler tout en touchant une allocation supérieure à leur travail, ils refusent ». Certains y développent même des compétences inédites, comme cette femme handicapée qui ne sait ni lire ni écrire mais sait reconnaître en 30 secondes la bonne composition d’un faisceau de câbles, alors qu’il faut plusieurs minutes à une personne valide. Une différence au service de la performance …
Professeur Jean-Michel Oughourlian
Priorité à « l’hanploi »
C’est cette différence au service de la performance qui pousse certains dirigeants à aller bien au-delà de l’obligation d’emploi de personnes handicapées (OETH), avec des entreprises adaptées. Comme les usines de la Fondation AMIPI Bernard Vendre, dirigées par Jean-Marc Richard ou la société Handiprint pilotée par Vincent Levieux. Des entrepreneurs engagés, tous deux d’accord avec Guillaume Leroy, Président Sanofi France, pour affirmer : « Une entreprise diverse et inclusive est plus à même d’innover qu’une entreprise centrée sur un même profil. À condition de privilégier les compétences et l’apprentissage ».
Ce qui nécessite de changer de regard sur le handicap comme le souligne Guillaume Leroy. « Nous sommes tous compétents dans certains domaines et incompétents dans d’autres. Une personne handicapée n’est pas handicapée. Comme nous tous, elle maîtrise des compétences qui intéressent l’entreprise ». Et Jean-Marc Richard d’aller encore plus loin dans ses usines : « Quand j’accueille un travailleur handicapé, je commence par analyser ses compétences, puis j’essaye de créer un métier pour lui. C’est comme cela que l’entreprise s’enrichit. »
L’impact positif va alors bien au-delà des seules personnes handicapées, comme s’en réjouit Vincent Levieux. « Tous mes collaborateurs qui accompagnent des personnes handicapées sont contents quand ils rentrent chez eux. Car ils les ont aidées à exercer une activité, à mieux vivre. C’est un moteur extraordinaire pour toute l’entreprise ! ».
De gauche à droite : Guillaume Leroy, Vincent Levieux et Jean-Marc Richard
Appel à projets Handicap : 10 ans, 125 projets soutenus
Depuis 2009, les collaborateurs de Sanofi qui s’engagent à titre bénévole en faveur d'une association en lien avec le handicap peuvent présenter leur projet pour bénéficier d’un soutien. Chaque année, Sanofi accompagne des projets associatifs qui permettent à des personnes handicapées de pratiquer un sport, s’adonner à un loisir, accéder à la culture ou rendre leur quotidien plus fonctionnel. Objectif : mieux les intégrer dans la société. En 10 ans, Sanofi a ainsi soutenu 125 projets.
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« Parler de son handicap fait changer le regard des autres »

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